samedi 23 août 2008

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La Russie garde le contrôle du port géorgien de Poti

GORI, Géorgie — Les habitants ont commencé à regagner la ville dévastée de Gori samedi dans le centre de la Géorgie, mais Moscou entend garder le contrôle du port stratégique géorgien de Poti, sur la côte ouest, et délimiter des "zones de sécurité" autour des provinces sépératistes d'Ossétie du Sud (nord) et d'Abkhazie (nord-ouest), malgré les protestations de Paris, Washington et Londres.

Une semaine après le cessez-le-feu négocié par la France au nom de l'Union européenne et deux semaines après le début des combats, la situation reste confuse et tendue en Géorgie.

A Gori, des milliers de réfugiés qui avaient fui les frappes aériennes et l'avancée des troupes russes se pressaient aux portes de la ville samedi pour rentrer chez eux. Les habitants ayant réussi à passer les barrages de la police géorgienne ont retrouvé une cité ravagée, manquant de vivres et étreinte par l'angoisse.

Les combats, qui ont commencé le 7 août avec l'offensive géorgienne en Ossétie du Sud et la riposte massive de la Russie, ont fait plusieurs centaines de morts et près de 160.000 sans-abri, selon une estimation de l'ONU.

A quelques kilomètres plus au nord sur la route de Gori, l'armée russe a érigé un nouveau poste de contrôle à l'entrée de la "zone de sécurité" décrétée par Moscou autour de l'Ossétie du Sud.

Les troupes ont installé 18 de ces "postes de maintien de la paix" et comptent en bâtir autant en périphérie de l'Abkhazie. Moscou veut y déployer un total de 2.600 "soldats de la paix" lourdement armés.

Moscou a affirmé vendredi avoir achevé son retrait de Géorgie, ce que la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni contestent. Pour Washington, il ne fait "aucun doute que les Russes n'ont pas respecté leurs obligations", et "établir des postes de contrôle et des zones-tampon ne fait évidemment pas partie de l'accord" de cessez-le-feu du 12 août.

Samedi, l'Elysée a fait état d'une conversation téléphonique entre les présidents français et russe. "Le président (Nicolas) Sarkozy a remercié le président (Dimitri) Medvedev d'avoir tenu ses engagements concernant le retrait des troupes russes", mais "concernant la zone adjacente à l'Abkhazie, le président Sarkozy a insisté sur l'importance du retrait rapide des militaires russes présents sur l'axe Poti/Senaki".

Le ministre d'Etat géorgien à la Réintégration, Témour Iakobachvili, a déclaré à l'AP que les "zones de sécurité" étaient "absolument illégales", alors que Moscou se revendique de l'accord de 1999 avec Tbilissi, qui avait mis fin aux combats en Abkhazie et en Ossétie du Sud, pour maintenir des soldats en territoire géorgien.

Quant à Poti, situé à 30km au sud de l'Abkhazie sur la côte Ouest de la Géorgie, "Poti n'est pas dans la zone de sécurité mais nous n'allons pas rester assis à regarder passer les blindés", a lancé samedi le général russe Anatoli Nogovitsine, prévoyant des patrouilles dans la ville.

Le chef d'état-major adjoint faisait allusion aux quatre blindés américains saisis par les troupes russes dans le port cette semaine alors qu'ils devaient être rapatriés aux Etats-Unis après un exercice miltiaire avec la Géorgie. Plusieurs milliers de Géorgiens ont manifesté sans incident contre la présence russe.

Les troupes russes ont aussi installé un poste de contrôle non loin de là, près de la base militaire de Senaki, l'une des plus importantes de Géorgie. Tbilissi affirme que la base a été entièrement pillée.

C'est le cas aussi de nombreux secteurs géorgiens en Ossétie du Sud ou en Géorgie même, mis à sac par des indépendantistes sud-ossètes accompagnant les troupes russes. Le président d'Ossétie du Sud Edouard Kokoïty, non reconnu par Tbilissi, a déclaré à l'AP que les réfugiés géorgiens ne seraient pas autorisés à rentrer chez eux, car "il n'y a plus rien pour eux" là-bas.

Le Parlement russe doit examiner lundi la demande de reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, ce qui n'est pas pour apaiser les tensions entre Moscou et les puissances occidentales.

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