samedi 23 août 2008

Par Mathieu GORSE AFP
Samedi 23 août, 10h18

PARIS (AFP) - Sentant le vent tourner, les industriels ont déjà commencé à tailler dans leurs coûts et à accélérer des restructurations déjà prévues afin de faire face au ralentissement économique, même si tous n'ont pas encore constaté de baisses des commandes.

Les mauvais indicateurs se sont multipliés récemment: recul du produit intérieur brut (PIB) et des investissements, diminution de la production industrielle, moral des industriels en berne, chute des commandes dans certains secteurs.

Et "pour la première fois depuis plusieurs années, on a une croissance nulle dans les services aux entreprises", un "signal limpide que les entreprises ont bel et bien compris ce qui se passait", souligne Karine Berger, directrice des études chez Euler Hermes-SFAC.

"Leur première réaction, c'est de rogner sur les coûts qu'elles peuvent arrêter du jour au lendemain", comme les services informatiques, la publicité, l'emploi intérimaire, ajoute-t-elle.

"Celles qui sont les plus anticipatrices ont commencé ce travail. Les chefs d'entreprise voyaient bien qu'il allait se passer quelque chose, mais ce qui a été déterminant, c'est leur prise de conscience de l'augmentation des matières premières durant le premier trimestre", renchérit Yvon Jacob, président du Groupe des fédérations industrielles (GFI).

Les patrons portent aussi une attention toute particulière à leurs stocks, en diminuant les achats de fournitures, et font la chasse aux retards de paiements, poursuit M. Jacob.

Et "si c'est nécessaire" elles procéderont "à des adaptations du temps de travail avant d'envisager d'éventuels licenciements" qui interviendront "dans un an, si cela devait durer", selon lui.

Les cabinets de conseil sentent monter ce souci d'économies depuis plusieurs mois.

"Cela fait quatre, cinq mois que les entreprises ont commencé à engager des réorganisations, à les accélérer sans avoir forcément d'impact (du ralentissement) sur leurs affaires", observe Louis Petiet, président de Bernard Krief Consulting.

"On fait un travail de fond: toujours baisser les frais fixes. En période négative, cela nous permet de limiter les dégâts", confirme Didier Picot, président délégué du sous-traitant automobile et aéronautique Walor, basé en Loire-Atlantique, même s'il ne note pas pour l'instant de baisse de ses ventes.

Même scénario chez le plasturgiste Maire d'Oyonnax (Ain). Les commandes n'ont pas diminué, malgré "une certaine prudence des clients vis-à-vis du futur", mais le patron, Gilles Maire, est "très attentif aux dépenses afin d'anticiper un ralentissement".

L'industrie pharmaceutique est elle aussi concernée. "Notre secteur est peut-être moins sensible que d'autres à la conjoncture (...) mais on voit que les plans de restructuration se font de façon plus rapide et plus profonde qu'initialement prévu", indique Christian Lajoux, président du Leem (Les Entreprises du Médicament), organisation qui représente les industriels du secteur.

A plus long terme, le ralentissement devrait inciter certaines entreprises à repenser leur stratégie, une tâche qui sera ardue.

"Je ne pense pas qu'on change de stratégie du jour au lendemain", mais "des entreprises qui ont des réserves financières pourraient être tentées de se mettre en chasse d'acquisitions car les prix vont baisser", estime M. Jacob.

"Monter en gamme en offrant des produits plus techniques est quelque chose que nous allons regarder", assure de son côté M. Picot.

"Cette période risque de faire un écrémage sur les entreprises les plus faibles et celles qui ne sont pas engagées dans des stratégies sérieuses", conclut M. Jacob.

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